lundi 1 février 2010

Non de Noms


Ma feuille de route commençait à se faire de plus en plus précise. J'exploiterai donc la variété gastronomique par famille de produits en allant crescendo dans la difficulté et la prise de risques.

L'avantage de commencer par les confiseries étant de pouvoir minimiser l'investissement de départ. En effet, leur stockage ne nécessite pas de système de réfrigération comme pour les fromages et les périodes de péremption sont plus longues. Elles sont en effet de plusieurs mois pour la plupart d'entre elles.
De plus, en utilisant un système de vente en ligne, je pourrai m'affranchir du coût de la location d'un espace de vente.

En espérant que l'activité de vente des confiseries soit suffisamment rentable, cela me permettrait d'avoir du cash pour le ré-investir dans un local de dégustation de fromages.

Restait alors à trouver un nom de marque pour la future entreprise.

Ayant toujours à l'esprit ma notion de dégustation de fromages, j'estimais que le terme "auberge" s'adaptait bien à mon concept. Il a une connotation de convivialité, une certaine touche de rusticité et d'authenticité et puis il a une consonance bien franchouillarde.

Après de nombreuses heures de réflexion, j'ai retenu comme nom de marque : "Les Auberges @ux 1000 découvertes".

Il me fallait ensuite vérifier que ce nom était bien disponible en effectuant une recherche d'antériorité. Pour ce faire, j'ai commencé, comme tout un chacun, à interroger le web via Google.
Il existe bien des organismes qui proposent des moteurs de recherche, mais ils n'ont aucune valeur au sens juridique.

La seule méthode valable consiste à interroger les bases de données de l'INPI. La démarche, qui est payante, consiste à se procurer des listages extraits à partir de mots clefs que vous leur communiquez. Il faut préalablement choisir des classes qui correspondent au secteur d'activité souhaité pour les marques et les sociétés. Classification longue et laborieuse! De plus il n'est pas toujours évident de choisir certaines classes. Dans le doute, on a tendance à prendre le maximum, c'est plus sûr mais aussi plus cher... Le coût étant en fait proportionnel au nombre de classes choisies.

A réception des listages, il faut ensuite patiemment lire une à une des centaines de lignes dans l'espoir de ne pas tomber sur un nom identique à celui que vous avez choisi. Fastidieux et incertain comme démarche. Car, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'INPI est un organisme qui a horreur de la prise de risques. Certainement par expérience, je puis aisément le concevoir. Mais au regard des sommes réclamées pour éditer un simple listage, on pourrait être en droit d'attendre un service plus étoffé. Hors, il n'en est rien.
Car, en plus de se dédouaner de la possibilité d'erreurs, d'une absence de prise en compte des enregistrements en cours, il est clairement notifié sur leurs documents que, en aucun cas, leur responsabilité ne saurait être engagée.

Mais à mon avis, là où le bât blesse vraiment, c'est dans l'interprétation des résultats à partir des informations transmises. En effet, la recherche, outre la correspondance directe mot à mot, doit porter sur d'éventuelles similitudes intellectuelles. Similitude intellectuelle. Que peut on bien sous entendre par ce vocable? quelles sont les limites de raisonnement car si on pousse un tant soit peu la réflexion, on finit par trouver des corrélations complexes, même entre 2 noms ou expressions à priori indépendantes.


Pour ce qui concernait l'expression que j'avais choisie, j'ai trouvé après investigation, une société dénommée "L'auberge aux 1000 saveurs". Certes, à mon sens, le vocable "découvertes" est plus large en signification que saveurs. On peut en effet découvrir autre chose que des saveurs. Mais d'un autre côté j'avais utilisé ce terme dans le sens de la dégustation, et donc de la découverte de nouvelles saveurs. Pas évident!

Là où les choses ont commencé à se corser encore plus, c'est quand j'ai trouvé l'expression "1000 découvertes" et également "les milles et une découvertes". Quand bien même ces marques n'étaient pas associées à la notion d'auberge, n'y avait-il pas risque de similitudes?

Ne parvenant pas à me faire ma propre opinion, j'ai contacté un conseil en propriété industriel. La prestation n'a pas été payante mais sa réponse a été des plus vagues. Pour conclure il a même ajouté: "de toutes façons, en cas de litige, c'est le juge qui tranchera ...". Pas vraiment rassurant.

Je suis resté très perplexe. Toutefois, ne voulant pas hypothéquer le développement futur de l'entreprise que je voulais créer, j'ai finalement décidé de choisir un autre nom.
Après moultes tergiversations, j'ai opté pour "L'Auberge @ux 600 confiseries".
J'ai dû réitérer la démarche complète. Nouvelle consultation payante de la base de données de l'INPI, nombreuses heures d'épluchage des listages Cette fois ci, je n'ai pas identifié de manière évidente de risque de similitude. Encore que me sois cantonné au premier degré.
Le seul problème auquel je n'ai pensé qu'à postériori, c'était que ce nom ne me permettait pas d'englober d'autres familles de produits.

Je suis resté ainsi plusieurs semaines sans aucune visibilité sur un nom bien précis. Et puis, un jour en cliquant sur un pop-up, j'ai lancé une recherche sur le nombre de personnes qui portent le même nom que le mien. Plusieurs milliers, répartis inégalement sur le territoire français. Il s'agit donc d'un nom relativement répandu. Sans pour autant atteindre les niveaux des "Martins" ou "Dupont"...

Après une ultime vérification, j'ai choisi d'appeler tout simplement la future société "Les Auberges Duret", n'ayant pas trouvé d'antériorité s'en rapprochant de près ou de loin. Je me suis dit que finalement cette dénomination assez simple résumait bien l'image de la dégustation "made in France" que je cherchais à concrétiser.

Encore un petit effort financier de 225€ à l'INPI (plein pot car pas de possibilité de récupérer la TVA par la suite) et le nom était protégé ... enfin tout du moins déposé officiellement.

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