mardi 20 avril 2010

Vous êtes qui vous ?


A partir des informations disponibles sur le web, je me suis mis en quête d'échantillons de confiseries, notamment pour avoir une idée plus précise de leurs dimensions et bien évidemment de pouvoir les goûter avant d'entamer leur mise en vente.

Afin d'être le plus éclectique possible, j'ai construit un tableau à 2 entrées (goûts/textures) basé sur les principales familles existantes. Ma feuille de route étant alors tracée, restait à me procurer des échantillons auprès des producteurs de manière à remplir au maximum toutes les cases de mon tableau. 

Il me fallait également intégrer 2 impératifs supplémentaires à ma démarche. Tout d'abord, que le délai de péremption des confiseries soit suffisamment long pour être compatible avec la supply chain que j'avais en tête. En additionnant le temps de stockage moyen + le temps nécessaire à l'acheminement d'un colis à l'étranger + un délai de vente éventuel estimé, j'ai déterminé qu'une durée de 4 mois était un minimum acceptable.

Les confiseries en-dessous de ce seuil ont été écartées par la suite. Fort heureusement, il n'y en a pas grand nombre, la plupart se situant dans une fourchette allant de 6 mois à 2 ans.

Ensuite, il fallait que ma répartition géographique sur l'ensemble des régions françaises soit la plus homogène possible. A noter toutefois que si certaines régions sont relativement bien pourvues (Nord Pas de Calais, Rhône Alpes ...), pour d'autres la recherche est un véritable parcours du combattant (Limousin, Picardie ...). Cette disparité est cependant relativement marginale et ne remettait pas en cause mon concept. 

Le listage exhaustif de l'ensemble des confiseries existantes sur notre territoire n'est pas non plus chose facile. Car si l'on trouve plusieurs articles relatant une diversité de l'ordre de 600 produits, je ne suis personnellement pas parvenu à en identifier plus de 70 ... 

Grâce à une forte contribution de ma fille qui était alors sans emploi, nous avons commencé à prospecter téléphoniquement les différents fournisseurs potentiels identifiés.
La grande difficulté, lorsque vous êtes porteur d'un projet, c'est bien sûr de vous rendre crédible vis à vis de vos interlocuteurs. Qui plus est, ces derniers ne possèdent pas tous des organisations permettant de les joindre facilement ...


Si pour certains, l'opportunité d'un partenariat et la fourniture d'échantillons gratuits a été relativement bien accueillie, ce ne fut malheureusement pas le cas de la grande majorité.

Relances et persévérance sont indéniablement les clefs de la réussite en la matière.

En effet, nous avons été confrontés à une forte réticence de la part des vendeurs (producteurs) à plusieurs reprises. De plus, quand vous n'avez pas d'antériorité dans un domaine d'activité, donc pas de notoriété, il est extrêmement difficile de répondre à la sempiternelle question : "Mais vous êtes qui vous ?".

Le statut de porteur de projet, l'enthousiasme de l'entrepreneur, louables en soit, sont des arguments de peu de poids face à l'indifférence d'interlocuteurs frileux peu enclins à partager votre motivation.

Surtout lorsque vous avez l'outrecuidance de demander en plus un échantillon gratuit ! le moins que l'on puisse dire c'est que le sens du business n'est pas inné chez nos compatriotes. 
A moins que ce ne soit par pingrerie ..? Pourtant, il ne peut y avoir de développement de business sans prise de risque et donc de dépenses (minimales) associées afin d'alimenter une dynamique vertueuse.

Un peu dépité au début, j'ai néanmoins essayé d'analyser les raisons de cette barrière comportementale au fur et à mesure que les appels téléphoniques se succédaient.

Un des arguments souvent invoqué a été de voir une partie de leurs ventes se réaliser sur internet et notamment à l'international. Ce qui risquerait de ternir leur image de marque, la distribution s'effectuant par le biais d'un réseau sans renommée ...

Certains nous ont expliqué que leur capacité de production était limitée et qu'ils n'envisageaient pas d'investissements pour l'accroître. Même si cette justification est tout à fait compréhensible, quid de l'attitude entrepreneuriale de nos concitoyens et de leur volonté de créer des richesses supplémentaires ? 

D'autres se sont défilés en invoquant un nombre trop important de sollicitations auxquelles ils ne pouvaient donner suite en totalité, notamment en ce qui concerne la fourniture d'échantillons gratuits. Certes, il y a certainement des profiteurs peu scrupuleux qui peuvent simuler une activité professionnelle uniquement pour pouvoir déguster des confiseries gratuitement. Mais sont-ils nombreux ? Par ailleurs, il est assez facile de jauger la véracité des propos tenus en posant juste quelques simples questions judicieuses.

En vérité, je pense que malheureusement la mentalité française n'est pas encore suffisamment mature en terme de développement de business à l'international, surtout dans des secteurs d'activité comme les productions artisanales. Ce que je déplore car c'est un frein au développement économique à mon avis en grande partie lié à une vision trop étriquée du marché.

Somme toute, notre ténacité a fini par payer puisque nous avons peu à peu obtenu gain de cause auprès des plus réticents. Les barrières sont tombées les unes après les autres dans une sorte d'émulation.

Tant et si bien que, lorsque je rentrais chez moi chaque weekend, j'avais la satisfaction grandissante de voir ma carte de France se remplir progressivement au fur et à mesure des arrivages.

J'avais enfin mis un pied dans le microcosme de la confiserie fine ...  !!!


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